Les bonnes pratiques et les points clés
Le lien mère poulain, très intense à la naissance, se distend peu à peu avec l’âge. Dans la nature le sevrage n’est qu’une modification alimentaire qui intervient vers 10 mois quand les juments sont gestantes, voire plus tard en l’absence de gestation, mais les liens perdurent longtemps.
Dans le système d’élevage traditionnel, on opère une séparation brutale entre la mère et le poulain à partir de 5 mois en moyenne ce qui engendre un stress important à court terme. Et ce stress a de multiple conséquence : altération du bien-être, perte de poids, apparition de maladie…
Dès les premières heures on observe une augmentation des hennissements, de la locomotion, de l’agressivité entre poulains et même l’apparition de comportements aberrant (léchage des parois par ex)
Comment diminuer ce stress ?
Plusieurs études ont comparé les différentes méthodes de sevrage. Il en ressort quelques points clés résumés ici.
Tout d’abord, le sevrage au box ? Seul ou à plusieurs les résultats sont contradictoires. Mais il est toujours plus mal vécu qu’un sevrage au paddock ou au champ, avec notamment une hausse des comportements aberrent et du repos au sol. Une autre méthode a consisté à tester des séparations répétées au box, elle est clairement contre indiquée avec une augmentation du stress marqué (augmentation du taux de cortisol).
Le sevrage par trois au paddock montre une augmentation de la locomotion et des interactions sociales.
Le sevrage au champ en groupe ? Trois cas de figures ont été étudié :
- Toutes les mères sont retirées en une fois
- Les juments sont retirées progressivement (une par semaine par ex)
- Les juments sont retirées en une fois mais on laisse un adulte familier (hongre ou jument non suitée)
Les 2 dernières configurations sont équivalentes, et sont beaucoup plus apaisante pour les poulains. Même lorsque c’est un adulte non familier qui est mis dans le groupe de poulain 15 min après le retrait des mères, on observe une augmentation du temps de pâturage, de meilleures relations sociales, plus riches et plus stables.
Une dernière méthode a été expérimentée : le sevrage progressif sur 6 semaines avec une séparation a l’aide d’une barrière à claire-voie. Le contact visuel et auditif est donc maintenu. Il s’agit de séparer les mères et les poulains juste avant le repas de quelques minutes jusqu’à 6 heures. On constate le jour du sevrage définitif un état de stress limité avec moins de locomotion, moins de hennissement, un tempérament moins grégaire, moins peureux. Également moins de stress chez les juments et les poulains (mesuré par le taux de cortisol), ainsi qu’un arrêt de la lactation plus précoce.
En conclusion, il faut privilégier un sevrage alimentaire à partir de 6 mois qui favorise les aliments fibrés et les graisses plutôt qu’un aliment glucidique, ce qui limite les stéréotypies. Puis pratiquer un sevrage qui minimise le stress au maximum par un retrait progressif des juments et remplacement par d’autres adultes ou par séparation progressive avec un barrière à claire-voie. A plus long terme il est préférable de laisser les poulains en petits groupes avec un adulte référent qui continuera de maintenir de bonnes relations sociales. Les bénéfices sont immédiats : des poulains en meilleure santé, moins de blessure, moins peureux et des manipulations facilitées !
En pratique : le sevrage progressif
Tous les jours (même le dimanche !) séparation progressive juste avant le repas du matin avec une durée journalière qui augmente progressivement comme indiqué :
- 1er semaine : on démarre avec 5 min de séparation et on augmente de 2 min par jour
- 2ème semaine : on augmente de 5 min par jour
- 3ème semaine : on augmente de 20 min par jour
- 4ème semaine : on augmente de 30 min par jour pour arriver à 6 heures par jour
La première semaine la séparation nécessite 2 personnes puis 1 personnes suffit les semaines suivantes.
Toutes les références et Plus d’infos sur https://equipedia.ifce.fr/elevage-et-entretien/elevage/poulain/le-sevrage-du-poulain-comment-faire